Berne et Sarnen, 2 juillet 2004
Communiqué de presse du SAB n 997
Les changements structurels frappent les regions de montagne
Entre 1995 et 2001, les régions de montagne suisses ont perdu environ 8 % de leurs places de travail, ce qui a renforcé l'exode dans les zones concernées. Les measures d'économie draconiennes prises par la Confédération ne font que renforcer cette tendance et limitent fortement la marge de man oeuvre politique. Le Groupement suisse pour les regions de montagne (SAB) est d'avis que la Nouvelle politique régionale, actuellement en consultation, ne pourra pas apporter les solutions appropriées à ces défis.
Les régions de montagne et l'espace rural suisses sont en proie à un profond bouleversement. D'importants changements touchant tous les domaines économiques et sociaux sont en cours dans ces régions depuis le milieu des années 90. D'après les derniers chiffres recensés par le SAB, il ne s'agit non pas d'une fluctuation passagère, mais d'une tendance qui pourrait perdurer.
Dépeuplement
Fin 2002, environ 1,74 million de personnes (environ 24% de
la population suisse) résidaient dans les régions de montagne.
Entre 1995 et 2002, l'augmentation de la population ne fut qu'à moitié
aussi importante en régions de montagne que dans l'ensemble de la Suisse.
Vingt-quatre régions de montagne ont même enregistré un
recul démographique; une diminution qui, dans neuf cas, a été
supérieure à 0,5% par année. Sur le plan spatial et d'une
façon générale, les regions à la périphérie
occidentale et centrale des Alpes (Haut-Valais, Oberland bernois, Uri et Grisons),
les vallées du Jura et le centre de la région du Napf ont connu
une diminution démographique. Cette évolution s'explique par:
- le manque d'accessibilité des diverses regions concernées,
- par l'évolution économique générale des grandes
regions
(renforcement du « Grand Zurich » et reprise économique dans
le canton de Fribourg),
- par l'évolution de l'agriculture (réduction) et du tourisme
(tendance fluctuante), ainsi que
- par la restructuration des anciennes régies fédérales
(Poste, CFF, Swisscom, armée).
Structure démographique défavorable
La situation est aggravée par une structure démographique
défavorable. La part des jeunes jusqu'à 19 ans et des personnes
de
plus de 64 ans est de 6,1, respectivement de 3,3% plus élevée
que dans le reste de la Suisse. D'un autre côté, la part des personnes
valides est, d'une façon générale, moins importante dans
les régions de montagne que dans le reste de la Suisse. La part des jeunes
et celle des personnes âgées varie selon les régions: trois
régions ont en effet un quotient supérieur à 50% pour les
jeunes, respectivement de moins de 32% (moyenne suisse 37%); dans quatre régions,
le quotient des personnes relativement âgées est supérieur
à 38% et dans deux ce quotient est inférieur à 20% (moyenne
suisse 24,8%). Dans trois régions du sud de la Suisse, le quotient des
personnes relativement âgées est, actuellement, déjà
plus élevé que celui des jeunes.
Perspectives économiques
Dans les régions de montagne, l'on recensait environ 550'000 emplois à plein temps en 2001, soit 8% de moins qu'en 1995. Sur les 54 régions de montagne, 49 ont enregistré une perte d'emplois entre 1995 et 2001. Au total, le pourcentage de la diminution enregistrée en régions de montagne durant cette période a été environ quatre fois plus important que dans l'ensemble de la Suisse. Cette regression a touché surtout les régions des Grisons et du canton de Berne, ainsi que celles situées autour du Gothard. Cette évolution provient, d'une part, des profondes modifications des structures agricoles. En moyenne, 11 exploitations agricoles sont abandonnées chaque semaine en régions de montagne. Le tourisme et le secteur des services ont enregistré aussi d'importantes pertes dans plusieurs zones de montagne. En 1990, la Suisse comptait encore 6400 hôtels. En 2000, il n'en restait que 5'700. Ce changement structurel provoque un important recul des places de travail; tout comme les anciennes régies fédérales qui connaissent une forte restructuration. Les régions de montagne manquent d'alternatives attrayantes.
Finances publiques
La situation des finances publiques restreint les possibilités d'actions politiques. Le programme d'épargne 03 de la Confédération a entraîné d'importants effets négatifs pour les régions de montagne. Ainsi, par exemple, en référence à la loi sur le logement, les prêts ont été suspendus jusqu'en 2008, le programme de construction des routes nationales a été retardé, 142,5 millions de francs ont été économisés dans le domaine des routes principales et des autres réseaux routiers, 173 millions de francs dans l'agriculture et 39 millions sur le dos de l'économie forestière. Les prêts accordés à la Société suisse de crédit hôtelier ont été élagués de 40 millions de francs. Avec les mesures d'allègement 04, on attend d'autres dispositions dans des secteurs importants, comme dans la promotion de la place économique, l'agriculture et les transports. Les régions de montagne n'ont plus assez de marge de man oeuvre pour supporter de telles économies.
Nouvelle politique régionale: des solutions insuffisantes
La politique régionale est un instrument essentiel pour pouvoir faire face aux défis touchant les régions de montagne. Actuellement, la « Nouvelle politique régionale » (NPR) est en consultation. Le SAB est d'avis que la NPR n'est que partiellement acceptable. Jusqu'à présent, la politique régionale avait été conçue essentiellement comme instrument en faveur des régions de montagne. Selon la Confédération, la politique des agglomérations et la coopération transfrontalière devraient aussi être prises en compte par la politique régionale. Cependant, les moyens seront moindres, par rapport à la situation actuelle. Ces changements sont inacceptables pour le SAB. Le SAB attend du Conseil fédéral qu'il réserve la politique régionale aux régions de montagne. C'est le seul moyen de pouvoir trouver des solutions aux problèmes présentés auparavant.
Nouvelle péréquation financière: décisive!
La réorganisation de la péréquation financière et de la repartition des tâches entre la Confédération et les cantons (NPF) est un projet central pour la revitalisation du fédéralisme. Grâce à la clarification de la répartition des tâches entre la Confédération et les cantons, elle renforce les deux niveaux étatiques. Avec ses nouveaux mécanismes, la NPF gagne en transparence. De même, ses effets peuvent être mieux ciblés. Les cantons ont, grâce à la NPF, de meilleurs moyens à leur disposition pour pouvoir organiser eux-mêmes leur développement. De plus, la NPF est une condition imperative pour l'introduction de la nouvelle politique régionale, étant donné que celle-ci est considérée comme un instrument complémentaire. Le premier paquet de la NPF sera soumis à la votation populaire en novembre 2004.
Les informations statistiques développées ci-dessus, sont tirées de la nouvelle publication du SAB « Les régions de montagne suisses 2004 - Faits et chiffres ». Cette brochure peut être téléchargée sur notre site Internet - http://www.sab.ch/ ou commandée auprès de notre secrétariat: 031 382 10 10.
Pour de plus amples informations:
Thomas Egger directeur du SAB (079 429 12 55)
^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^
European Mountain Forum // Europe e-mail list: www.mtnforum.org/europe